Chacun des grands lacs alpins dispose, de manière plus ou moins complète ou étendue, de dispositifs de suivis biotiques et abiotiques. Néanmoins, deux faiblesses apparaissent aujourd’hui de manière prégnante : d’une part, certains compartiments de biodiversité indissociables de la qualité des milieux restent aujourd’hui peu connus ; d’autre part, les protocoles de suivis mis en place pour certains milieux ou espèces communs aux cinq lacs ne sont pas harmonisés d’un lac à l’autre, limitant la capacité de la recherche à analyser leur évolution. Le projet doit contribuer à combler ces lacunes.

Suivi des hydrophytes du Bourget © CEN Savoie
Suivis des oiseaux d’eau des lacs des Alpes du nord
Fuligules sur le lac du Bourget © Gilles PARIGOT

Les lacs alpins, avec en premier lieu celui du Bourget, constituent des sites majeurs pour l’accueil des oiseaux d’eau.

Au cours du cycle annuel, s’y succèdent :

  • des espèces nicheuses, dont la présence et l’abondance sont liées en premier lieu à la surface et à la qualité de leurs habitats de reproduction : roselières principalement, végétation flottante… ;
  • des espèces hivernantes qui passent tout ou partie de l’hiver sur les sites et dont la présence et l’effectif sont plutôt liés à la quantité et à l’accessibilité des ressources alimentaires ;
  • des migrateurs en escale qui utilisent les sites comme étapes dans les déplacements qu’ils effectuent entre leurs sites de nidification et leurs quartiers d’hiver.

 

Les mesures de protection, de restauration et de gestion des milieux naturels lacustres et littoraux mises en œuvre ou envisagées sur ces territoires, sont susceptibles d’influencer leur capacité d’accueil pour les oiseaux d’eau, en modifiant l’importance et la composition du peuplement. Il s’agit donc dans le cadre du projet, de déployer des suivis harmonisés de l’avifaune sur les lacs Léman, d’Annecy et du Bourget afin :

  • de suivre l’évolution de la capacité d’accueil des lacs pour les oiseaux ;
  • d’évaluer les effets des mesures de gestion, de l’évolution de l’écosystème lacustre et des usages sur le peuplement d’oiseaux d’eau.
Étude et suivi de la végétation immergée des lacs d’Annecy et du Bourget
Hydrophytes du lac du Bourget © Manuel BOURON

Les hydrophytes (végétation immergée) font partie des compartiments moins connus de la biodiversité lacustre. Leur évaluation prend cependant une importance croissante dans le contexte réglementaire actuel (Directive Cadre sur l'Eau, application des mesures compensatoires…). Leur prise en compte passe notamment par une meilleure connaissance de leur répartition et de leur évolution (voire des causes de leur régression).

Pour ce faire, les gestionnaires de lac doivent pouvoir disposer :

  1. d’une méthode simple et reproductible permettant mutualisations et comparaisons ;
  2. d’éléments de connaissance sur des traits de vie et de dynamique des différentes espèces et groupements immergés en zones altérées.

1. Afin de mieux prendre en compte leur dimension écologique et patrimoniale, le suivi des hydrophytes opéré sur certains lacs selon un protocole « DCE » simplifié, a été renforcé sur le lac du Bourget. Il s’agit dans le cadre du projet Grands Lacs Alpins et en partenariat avec l’Université de Savoie Mont Blanc :

  • de traiter les données accumulées sur le lac du Bourget (correspondant à 4 campagnes annuelles) afin d’en extraire et valoriser les enseignements tant en termes de biodiversité (richesse spécifique, statut des diverses espèces) que de bio-indication (dynamique des taxons sensibles et tolérants) ;
  • d’en optimiser le protocole de manière à le rendre le plus transposable possible, en l’appliquant :
    • à une nouvelle campagne sur le lac du Bourget ;
    • à une première campagne sur le lac d’Annecy ;
    • d’en faire un mémoire méthodologique.

2. Mesures compensatoires, génie végétal… : de forts enjeux impliquant les hydrophytes émergent désormais, exigeant de progresser sur les problématiques de gestion (faune, ancrages, houle). Par la mise en place d’un premier site pilote de recherche-action sur le lac du Bourget, il s’agit dans un premier temps pour l’Université de Savoie Mont Blanc d’étudier les effets des interactions de la faune (poissons, canards plongeurs…) sur le développement des hydrophytes.

Étude de la faune benthique des lacs d’Annecy et du Bourget
Suivi malacologique © Alain THOMAS

Les invertébrés benthiques revêtent non seulement une dimension patrimoniale (présence d’espèces rares) mais également bio-indicatrice (Indices Chironomes et Mollusques, etc.). En effet, ces taxons présentant une durée de vie d’au moins une année, sont hautement intégrateurs de l’ensemble des phénomènes physiques, chimiques et biologiques se déroulant dans la masse d’eau et les sédiments. Ils tiennent également une place importante dans le fonctionnement trophique lacustre global, assurant un couplage entre les réseaux trophiques pélagiques et benthiques.

L’objectif du projet est de développer des protocoles de suivi allégés, en vue de disposer à terme d’un observatoire de la macrofaune benthique des lacs.

Pour cela, plusieurs études (dont certaines novatrices) ont été mises en place sur les lacs du Bourget et d’Annecy :

  • état des lieux et amélioration des connaissances de la macrofaune benthique par l’étude des mollusques et des restes fossiles d’invertébrés benthiques ;
  • analyse des isotopes stables du carbone et de l’azote permettant d’étudier les relations trophiques entre espèces d’un écosystème identifié, et de révéler les sources de pollutions ponctuelles et/ou diffuses éventuelles.

L’étude de ces peuplements permet d’apporter un éclairage sur l’état du lac, servant autant aux élus locaux qu’aux gestionnaires des eaux du lac, afin d’orienter les décisions d’aménagement du territoire et de restauration des écosystèmes lacustres.


Mise en place d’un indice de fonctionnalité littorale sur le lac du Bourget
Bathymétrie © CISALB

De nombreux projets européens se sont intéressés à une gestion plus durable des lacs alpins, conciliant activités humaines et protection de l’environnement.

Dans le cadre du projet SILMAS (2008-2012), un nouvel indice a ainsi été développé afin de comprendre et d’évaluer la fonctionnalité des rives de ces lacs. L’Indice de Fonctionnalité Littorale (Shorezone Functionality Index) évalue la fonction d'épuration des eaux/régulation de l'apport en nutriments, à partir de critères portant sur une zone s’étendant de la zone à hélophytes, à la berge immédiate du lac. Il prend en compte différents paramètres comme les types et taux d’urbanisation, d’artificialisation, de boisement ...

Complémentaire aux suivis biologiques en place afin d’évaluer l’état écologique des lacs (faune benthique, hélophytes…), cet indicateur n’a pas encore été appliqué au lac du Bourget.

Par une adaptation de l’indice aux données actuelles, il s’agit donc de le tester sur le lac savoyard.